Le 19 mai 2025, Emmanuel Macron a inauguré le 8e sommet Choose France. Cette année encore, les promesses d’investissements atteignent un nouveau record : 40 milliards d’euros. Plusieurs entreprises, notamment asiatiques, américaines et européennes, ont annoncé la construction prochaine de nouveaux sites logistiques ou de production, ou encore l’extension de certains sites déjà existants. Faisons le point sur ces investissements.
La France conserve pour le moment sa place de pays le plus attractif d’Europe
Selon l’agence EY, en 2024, la France était le pays européen le plus attractif pour les investisseurs étrangers, avec le lancement de 1 025 projets, loin devant le Royaume-Uni, avec 853 projets, et l’Allemagne, avec 608 projets. Toutefois, le nombre de projets en France a baissé de 14 % par rapport à 2023. Cette tendance à la baisse est également constatée au Royaume-Uni (– 13 %) et en Allemagne (– 17 %).
En 2024, chaque projet a globalement créé 30 emplois, bien moins qu’un grand nombre de nos voisins européens, comme l’Espagne (125), la Pologne (102), l’Italie (85), le Royaume-Uni (48) ou encore l’Allemagne (48). Plusieurs raisons peuvent expliquer le faible nombre d’emplois créés par projet. Premièrement, le coût du travail en France est bien plus élevé que chez certains de nos voisins. Le coût du travail moyen dans l’industrie et les services marchands en France est de 44,11 €, selon EY, contre 25,79 € pour l’Espagne, 16,79 € pour la Pologne et 30,46 € pour l’Italie.
Par ailleurs, le faible nombre d’emplois créés par projet peut aussi s’expliquer du fait qu’en France, 63 % des projets représentent l’extension d’un site déjà existant, contre 36 % en moyenne dans les autres pays européens. De plus, les tensions géopolitiques, le manque de main-d’œuvre, la réglementation en vigueur et la possible guerre commerciale avec les États-Unis, voire avec la Chine, peuvent inquiéter les investisseurs étrangers.
A contrario, les investissements étrangers aux États-Unis pourraient augmenter en 2025. Sanofi a récemment annoncé un important investissement aux États-Unis. D’autres entreprises européennes et asiatiques sont dans la même optique, afin notamment de contourner les droits de douane imposés par l’administration Trump.
Un nouveau sommet marqué par des promesses d’investissements record
Plusieurs grandes entreprises mondiales ont annoncé des investissements importants lors du sommet Choose France.
Ferrero
La société Ferrero (Nutella, Kinder, Ferrero Rocher, Tic Tac, Delacre…) souhaite investir 95 millions d’euros pour agrandir son site près de Rouen qui produit 26 % du Nutella et 20 % des Kinder Bueno à l’échelle mondiale.
Parmi ces 95 millions d’euros, le groupe italien envisage d’investir 30 millions d’euros dans l’amélioration de son usine et dans la décarbonisation de son site normand, et 65 millions d’euros dans la construction de deux nouveaux entrepôts logistiques.
Amazon
Amazon envisage d’investir 300 millions d’euros et de créer plus de 1 500 emplois dans les prochaines années. Le géant américain de l’e-commerce souhaite ainsi améliorer ses capacités logistiques en construisant un centre de distribution et une agence de livraison et en améliorant son réseau logistique déjà existant, notamment dans les Hauts-de-France.
Par ailleurs, ces nouvelles promesses d’investissements s’additionnent à celles déjà faites l’année dernière, à savoir 1,2 milliard d’euros d’investissements et plus de 3 000 emplois. Il s’agit évidemment de promesses et de décisions prises sur le moyen et le long terme. Certains investissements peuvent prendre de nombreuses années avant de voir officiellement le jour.
Revolut
De son côté, la néobanque britannique Revolut compte bien poursuivre son développement et demander son agrément d’établissement de crédit en France. La banque souhaite ainsi investir 1 milliard d’euros et créer plus de 200 emplois.
Mars
Mars devrait également investir plus de 100 millions d’euros pour moderniser et décarboner ses différentes usines françaises.
Iveco Group
La société promet d’investir 100 millions d’euros pour produire en France sa nouvelle gamme de bus et de cars.
Un sommet qui marque un nouveau record de promesses d’investissements avec potentiellement plus de 40 milliards d’euros d’investissements en plus répartis dans tous les secteurs d’activité, indique la Présidence de la République : transport, numérique, intelligence artificielle, logistique, développement durable, agroalimentaire…
Choose France est-il réellement un sommet qui tient ses promesses ?
La Présidence de la République rappelle que compte comme un investissement toute promesse d’investissement pour la construction d’un nouveau site ou l’extension d’un site déjà existant, lorsque le projet est localisé et précis.
Toutefois, depuis le premier sommet qui a eu lieu en 2018, tous les projets ne se sont pas réalisés. Il y a d’abord des projets qui sont toujours à l’étude ou en cours de réalisation et il y a ceux qui ont été annulés pour diverses raisons (évolution de la législation, crises sanitaires, crises politiques, géopolitiques, conjoncture économique, situation de l’entreprise…).
Plusieurs n’ont ainsi pour le moment pu réaliser leurs promesses. C’est notamment le cas de Lilium qui envisageait d’investir 400 millions d’euros dans une usine d’avions-taxis, mais… elle a mis la clé sous la porte. Il y a également l’entreprise de dark store Getir qui propose un service de courses express qui n’a pu exercer son activité en raison d’un changement de législation, selon le média 20 Minutes.
D’autres projets ont quant à eux été reportés de plusieurs mois à plusieurs années.